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28/11/2006

Term L : correction du "micro-test"

A lire ci-dessous... une réponse à la question : " Le recueil Les planches courbes vous semble-t-il hermétique ? " .



La première lecture d'un recueil comme Les planches courbes peut donner au lecteur l'impression d'une poésie difficile d'accès. Si on y retrouve en partie les marques habituelles du genre poétique (la versification, même si elle est ici utilisée de manière très libre), nous sommes tout de même aux prises avec un texte dont le sens semble nous échapper, un texte dense dans lequel le lecteur a du mal à "entrer". Nous sommes donc bien devant une oeuvre apparemment hermétique. Sommes-nous vraiment obligés néanmoins de rester sur son seuil ?

Il s'agit en fait  de reconsidérer la posture de lecture. Ce recueil nous invite à changer en partie notre manière de lire. Puisque la poésie est ici, plus peut-être que dans les variations plus classiques du genre, un langage "autre", la lecture, elle aussi, doit être différente. Il faut renoncer à déchiffrer un texte qui serait ensuite  toujours clair et explicite. Il ne faut pas non  plus vouloir trouver une sorte de traduction comme s'il s'agissait d'une langue étrangère (ce sont bien les mots du français). Le texte peut et doit rester en partie irréductible, indéchiffrable. C'est le propre de cette poésie qui nous incite à parcourir ce territoire verbal sans préjugé ni rebuffade. Alors nous pouvons par exemple trouver des indices de sens dans les titres, dans la composition même du recueil, mais aussi et surtout dans l'expression de thèmes récurrents, des reprises de mêmes motifs, des images obsessionnelles (la métaphore filée de la barque et de ses planches courbes par exemple), des échos, des variations, pour en dégager un sens global dont on s'étonne ensuite de le trouver presque évident...

Curieusement, cette poésie  d'abord hermétique se révèle alors, au fil des relectures, presque saturée de sens. Le commentaire n'épuise pas ce texte dont la trame épaisse résiste à toute interprêtation unique pour accepter une pluralité de significations. Pour autant, il ne s'agit pas non plus de faire dire au texte ce qu'il ne dit pas, mais de se fonder sur des indices textuels qui s'avèrent, en définitive, suffisamment solides pour lever en partie le voile sur ce texte précieux, ciselé par son auteur. Plutôt qu'hermétique, il faudrait dire alors énigmatique, à l'image de tout ce qui fait question à l'homme qui s'interroge sur sa condition.

 Finalement, nous pourrions suggérer de lire ce type de poésie comme l'on écoute de la musique ou comme l'on regarde un paysage ou un tableau abstrait, cas pour lesquels on ne cherche pas un sens formulable. Il est légitime de se poser la question du sens mais il faut aussi accepter que les mots aient parfois une autre fonction, moins utilitaire. La poésie, disait René Char, "c'est le contraire du télégramme". Il dirait peut-être aujourd'hui "le contraire du SMS". Langage voilé, qui garde toujours un halo de mystère, la poésie ne s'explique pas avec un mode d'emploi mais réclame la complicité d'un lecteur ouvert qui sait ce que ce langage particulier peut lui apporter dans sa relation à la vie. 

 

Commentaires

Yves nous leure mais est également de bonne foi.

Écrit par : Margowe | 29/11/2006

la métamorphose de l' enfant en géant, le conte poètique, les planches de la responsabilité, la courbure de la réalité,
le fatalisme des mots.

Écrit par : de Serpos | 06/12/2006

Les commentaires sont fermés.