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19/06/2018

Philo : correction BAC 2018...

Voici une proposition de plan détaillé pour l'un de sujets de philo du BAC ES...

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Peut-on être insensible à l’art ?

 

1) La nature sensible de notre relation à l’art… Il semble que l’art ne puisse pas nous laisser « insensibles »…

  1. a) Parce que sinon il n’est pas l’art… puisque l’on peut considérer que établir cette relation est sa fonction première (Kant). La relation « esthétique » entre l’émetteur et le récepteur de cette communication particulière rappelle étymologiquement comme l’art instaure cette relation « sensible » à l’œuvre.
  2. b) Si insensibilité, elle n’est qu’apparente… Kant encore : je peux être provisoirement insensible mais la « beauté » finira toujours par me toucher, car elle est « universelle et ne se fonde pas sur un concept ». Celui qui se dit insensible ne se sait pas sensible. Il y a ce que nous aimons et ce que nous savons pas encore que nous aimons.
  3. c) L’art est varié, prend des formes bien diverses, surtout à notre époque. On peut ne pas être sensible à un art muséifié, mais à des formes apparemment plus « mineures » qui n’a jamais été sensible à un film ? à une chanson ? On peut être insensible à certaines « oeuvres » mais il est difficile de dire que nous pouvons être insensibles à toutes formes d’art, dans une définition large… (note : le sujet ne dit pas « œuvre d’art » mais « art » !!!)

 

Liaison : Pour autant ce n’est pas une nécessité (il est donc possible de ne pas l’être)…

 

2) L’art n’est pourtant pas l’élément essentiel de cette sensibilité. On peut donc être insensible à l’art sans manquer de rien.

  1. a) Nos sens établissent d’abord avec le monde bien d’autres choses qu’une relation « esthétique ». Mes sens me permettent de communiquer avec le réel. Or, quelle est la « réalité » de l’œuvre ? Mes sens n’ont pas besoin d’art. Je peux donc être insensible à l’art ce qui ne veut pas dire que je suis insensible (sans émotions). Prosaïquement on peut dire : l’art est inutile. Une galerie praguoise affichait un jour ne vitrine : art is waste of time. Je n’ai pas envie de perdre mon temps
  2. b) Si l’art n’est que reproduction du réel, il n’est qu’une pâle copie (Platon) et ne mérite pas une relation particulière. L’art, de toute façon, ne s’aborde pas de manière sensible. L’art s’impose quand il est beau, et que ce beau nous mène vers le bien et le vrai. Il est un moyen d’accéder au monde des idées pures et à la vérité. On peut donc être insensible mais accorder à l’art toute sa place.
  3. c) Certaines formes d’art peuvent nous laisser insensibles. L’art contemporain suscite souvent le rejet chez un public non initié (exemples nombreux…). Si une initiation est nécessaire, est-ce encore de la sensibilité ? L’art moderne (depuis Duchamp) a rompu cette relation sensible pour la remplacer souvent par une relation plus intellectuelle. Pas d’émotion, de la réflexion. Doit-on considérer les œuvres conceptuelles comme un appel à une nouvelle « sensibilité » ? Dialogue Eluard-Braque : « J’aime la règle qui corrige l’émotion » « J’aime l’émotion qui corrige la règle ».

 

Liaison : l’art ferait-il appel à une autre forme de sensibilité ?

 

3) L’art invente à tout moment de nouvelles formes de sensibilité.

 

  1. a) Le sensible a une histoire, que reflète l’art… La diversité des formes d’art dans les diverses époques et les diverses cultures nous interpelle. Chacune ce des ces « volontés d’une forme » (définition de l’art par Clive Bell) renvoie à la sensibilité d’une époque et d’un groupe humain. On peut ne pas être sensible à des formes qui nous sont « étrangères » mais tous les humains possèdent cette possibilité de sensibilité, au-delà de leur diversité. Voir par exemple « Six names of beauty » de Saltwell, qui interroge les mots qui disent la beauté dans diverses langues (donc cultures). Chaque groupe humain invente à chaque époque une forme de sensibilité qui parle de cette culture et parle d cette époque. Il y a dans cette perspective une histoire de l’art qui est une histoire de la sensibilité, et notamment une « Histoire du regard ».
  2. b) On ne peut donc pas être insensible à l’art parce que l’on est nécessairement dans une histoire cette que cette histoire (humaine) a toujours été accompagnée par des formes artistiques (au-delà du débat/clivage entre artiste et artisan). L’homme est un animal qui crée, qui a la possibilité d’un langage symbolique. Voir les peintures rupestres (Lascaux, Chovet, Cosquer…) comme le « début » de cette sensibilité qui est depuis réinventée à tout moment…
  3. c) Vivre sans art… ? On peut vivre sans art mais « pas si bien » (jankelevitch)… L’art est une sensibilité qui vient s’ajouter à notre sensibilité… Cela ne constitue pas une morale (les nazis aimaient beaucoup la musique) mais peut nous apporter une autre relation au réel qui intensifie notre conscience et nous aide à appréhender les grandes questions qui nous obsèdent. Cette « sensibilité » artistique ne fait pas de nous des hommes « bons » mais peut élargir notre champ d’investigation du réel et nous conduire non pas au « vrai en soi » platonicien mais à notre vérité individuelle…

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